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“L’homme blanc a inventé les habits
La Sape n’est pas uniquement une affaire
de mode, il s’agit d’un art de vivre à part
entière, sorte de dandysme transgressif.
Selon le Dictionnaire de la Sape, d’Elvis
Guerite Makoués (éditions Publibook),
“chaque sapeur a un parcours différent
mais possède en commun avec les autres
sapeurs la même source, des règles de
base, des interdits, des us, des coutumes,
un langage et une gestuelle”.
Jocelyn Armel, surnommé Le Bachelor,
80 ajoute : “il s’agit de l’art de s’aimer au
quotidien, mais pas l’amour béat, l’amour
qui permet à l’autre d’être heureux”.
Pour les sapeurs, appartenir à cette com-
munauté, permet de donner un sens à sa
vie dans un environnement où il y existe
parfois peu de possibilités, une façon
de revendiquer leur identité, de lais-
ser une trace dans l’histoire malgré les
circonstances, de suivre leurs rêves, en
un mot, d’être quelqu’un et de susciter
l’admiration. La Sape est un langage, un
média pour s’exprimer à travers une atti-
tude, presque comme un personnage de
théâtre, vulgarisé par des artistes congo- d’Afrique Centrale le 17 juin dernier considère
lais notamment comme Maître Gims avec
“Sapé comme jamais” ou bien encore
Sam Samouraï.
“Tant qu’il y aura la vie, tant que l’homme
s’habillera, tant que l’homme sera fou au point
de sublimer son élégance, la Sape existera”
mais nous en avont fait un art.”
Papa Wemba, chanteur Congolais
LE FUTUR DE LA SAPOLOGIE ?
La Sape a beaucoup évolué au fil des années.
L’inspiration qui provenait des magazines, des
émissions de télévision, des looks des premiers
ministres, trouve sa désormais sa source dans
l’accès illimité à l’information via les réseaux
sociaux, ce qui a modifié le rapport de la com-
munauté à son image et leur confère en parallèle
une visibilité décuplée. En effet, le sapeur aime
s’exposer, être vu et reconnu, d’où l’importance
de la photographie. Historiquement la Sape est
une affaire d’hommes, les femmes les accompa-
gnant uniquement lors des grandes cérémonies
en suivant leurs codes, arborant des costumes
de sapeurs. Hector Mediavilla, photographe et 81
réalisateur, auteur de l’ouvrage monographique
S.AP.E publié en 2013 aux éditions Intervalles,
confie : ”c’est un peu étrange de voir une femme laise assumer son indépendance. Elle insiste avec
qui s’habille comme un homme et uniquement fierté, “mon arme à moi, ma façon de m’exprimer
pour suivre ces codes esthétiques”. Aujourd’hui, ; ce sont mes sapes ». Selon Jocelyn Armel, alias
à l’ère des réseaux sociaux et dans une société le Bachelor, l’avenir de la sape est économique,
beaucoup plus égalitaire, une nouvelle géné- le mouvement sera et restera mort tant qu’il ne
ration est née : les Sapeuses, femmes fortes et nourrira pas les Africains. Selon lui, la Sapologie
fières qui tentent de mettre fin à une domination doit sortir de la position de consommateur final
masculine, moyen de s’affirmer dans un monde pour pouvoir se développer dans le monde, au-
patriarcal. Tchianna Tchicou Pembey, styliste de delà de l’aspect financier, la sapologie devient
métier qui n’aime pas être cataloguée et inter- de plus en plus une affaire de femmes. Tchianna
viewée par le site de l’agence d’Information Tchicou Pembey, sapeuse congolaise confirme :
“la sapologie futuriste, c’est aussi une affaire de
son style comme “futuriste et pérenne”, elle af- femmes”. La Sape avec son élégance unique, cos-
firme que ses créations sont l’expression d’une mopolite et militante est en constante évolution,
certaine rébellion, qui veut voir la femme congo- elle suit les innovations numériques et sociétales,
un mouvement puissant qui continuera d’exis-
ter au travers d’artistes qui font de leur vie, une
œuvre haute en couleurs •
Pour en savoir plus :
@jalebachelor
@hectormediavilla
@tchianna
Jocelyn Armel, alias Le Bachelor
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