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sieurs années, a identifié un style parisien à part entière, caractérisé, pour les femmes, par un simple chemi-
sier, un blazer et un jean avec un certain type de revers. Porté d’une certaine façon, le look sera accessoirisé
par des talons ou des converses. Elle ajoute : “il s’agit peut-être d’une association classique, mais toujours “La plupart du temps, ce sont des détails qui me font
ajustée d’une certaine façon.” A New York, la photographe commence à prendre des photos d’anonymes m’arrêter sur une tenue et me dire “waouh”.”
dans la rue qu’elle affiche sur un blog Tumblr*. Elle étudie la photographie à New York University et effec-
tue des stages au sein de différents magazines et studios photos. Parmi ses références, Bill Cunningham et Nick Leuze, photographe allemand de street style.
The Sartorialist, elle apprécie les belles photographies de mode de Garry Winogrand, William Eggleston et
Paolo Roversi notamment, “je ne suis pas nécessairement les photographes, il y a tellement de belles images
Au-delà de l’aspect esthétique de la photo, au travers de vêtements et de couleurs, le streetstyle décrit une
atmosphère particulière. Aujourd’hui, ce dernier a beaucoup évolué et perdu en spontanéité. Nick Leuze,
photographe américain de streetstyle explique : “durant les Fashion Weeks, tout est planifié, tu dois te
présenter à une heure précise, nous savons tous que cette personne va aller à cet hôtel ou se rendre de ce
défilé à un autre. Tu sais toujours qui va venir et qui tu veux prendre en photo.” Aussi, certaines marques
ont saisi l’occasion pour prêter des vêtements et accessoires aperçus sur les photos streetstyle, générant du
placement de produits et laissant place parfois à des égéries professionnelles rémunérées. aujourd’hui.”
UN STYLE PHOTOGRAPHIQUE PLURIEL
Plusieurs types de streetstyle cohabitent. D’une part, l’art de capturer des looks hors des studios, en exté-
rieur, sans autres artifices parasites que ceux de la lumière, mais aussi de l’instant. Cette pratique nécessite
essentiellement une excellente réactivité et un cadrage adapté. Mais cela peut varier en fonction des pho-
tographies. Pour Nick Leuze, il s’agit de la justesse de composition, lorsqu’il n’y a pas trop d’éléments qui
distraient l’œil dans l’arrière-plan. Les lignes sont droites avec beaucoup d’espace négatif pris en photo par
choix, quelqu’un de petit sur la photo et un arrière plan important ou alors, quand les lignes de la photo
sont très rapprochées, ou lorsque quelqu’un marche vers la caméra ou avec un angle droit.” Il esquisse un
sourire : “c’est assez drôle mais les photos que j’aime le plus sont celles que j’ai prises à mes débuts. Et en
montrant l’un de ses clichés, “ c’est une photo très spontanée mais qui au final a été une excellente photo”,
il en choisit un second, “il n’y a pas beaucoup d’éléments de distraction, j’affectionne tout particulièrement
88 le mouvement du vêtement”. Malgré tout, il est également possible “d’orchestrer” ce type de clichés, “l’air 89
de rien en ignorant l’objectif braqué sur vous et le tour est joué ! La vague numérique des réseaux sociaux
pousse les sujets à prendre cet air de “je ne te vois pas” pour obtenir un effet mode sur la photo”. Avec
l’arrivée des réseaux sociaux, l’ère de la saturation d’images et de l’ultra visibilité, l’art du streetstyle s’indus-
trialise, dans un contexte de viralité poussé à l’extrême. Désormais, l’authenticité se fait plus rare, le street
style inspire de plus en plus revêtant un aspect davantage marketé. Auparavant, les images étaient candides
et naturelles, désormais elles sont davantage planifiées. Nick Leuze, de son côté, a fait le choix d’allier ces
deux tendances. Il explique : “je me suis lancé dans la street photographie il y a près de deux ans, pendant
ma dernière année d’école. J’ai toujours été intéressé par la mode et regardé des images de street style sans
réellement porter attention à qui les prenait. J’ai commencé à suivre les comptes des photographes de
streetstyle importants, j’ai trouvé leur travail extrêmement cool et je voulais faire la même chose”. Au début
des années 2000, l’essor des blogs fait apparaître une nouvelle génération de photographes de mode. Ainsi,
grâce à Instagram, réseau social de la photo par excellence, le streetstyle retrouve de sa spontanéité, la crise
sanitaire ayant amplifié le phénomène.Vogue.fr consacre ainsi une rubrique au street style et aux looks
les plus pointus de New York, Londres, Milan, Paris, Oslo, à Stockholm, collaborant avec des photographes
street style dédiés. Tout.e photographe de mode amateur ou confirmé peut désormais se faire connaître et
exposer ses clichés sur internet. Le succès des influenceurs.euses a également impacté l’authenticité des
clichés et les règles du jeu en période de défilé. Une allure, une dégaine, une silhouette, le streetstyle a
encore de beaux jours devant lui. Véritable source d’inspiration, il y a fort à parier qu’il évoluera encore en
suivant de près toutes les possibilités offertes par les réseaux sociaux en termes d’image !.•
Pour en savoir plus :
@melodiejeng @nickleuze
*Style Hunter : dénicheur de tendances de mode.
*Tumblr : plate-forme de microblogage créée en 2007 et permettant à l’utilisateur
de poster du texte, des images, des vidéos, des liens et des sons sur son tumblelog.
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